Le sol vivant

 

 

"La rhizosphère contient généralement 1000 à 2000 fois plus de microorganismes que le sol typique sans racines". (1)

 

Le sol est un milieu très dynamique,

en perpétuelle évolution . . .

 

 - - - mais il est impossible de parler du sol vivant sans prendre en compte l'ensemble de l'écosystème. Les racines des plantes représentent une grande partie de la vie du sol et sont en même temps le lien avec le monde en surface baigné de soleil - où sont fabriqués les produits photosynthétiques vitaux. Les plantes capables de photosynthèse sont les producteurs primaires (autotrophe) de nourriture énergétique, dont toute vie a besoin pour se construire et se maintenir (2). Cela vaut également pour la grande majorité de la vie du sol.

 

Dans l'ensemble, le sol forme une sorte de super-organisme.

Le sol est l'espace vital le plus riche en espèces de la planète. C'est la conclusion d'une étude de synthèse menée par une équipe de chercheurs suisses en 2023. Selon cette étude, deux tiers de toutes les espèces connues vivent dans le sol :           https://www.wsl.ch/fr/news/deux-tiers-de-la-biodiversite-mondiale-vit-dans-le-sol/

 

Les plantes nourrissent la vie du sol directement par la sécrétion de leurs exsudats racinaires. Une plante saine donne jusqu'à 20 % de sa production en sucres. En contrepartie, la vie du sol fournit des minéraux dissous que la plante seule ne trouverait pas en quantité suffisante dans le sol. La vie du sol dépend directement de la croissance des plantes et inversement.

Chaque membre de la vie du sol manipule son environnement en fonction de ses besoins, comme tous les autres êtres vivants sur terre. Les innombrables relations et interactions qui existent entre tous les membres d'un écosystème complexe sont incalculables. Nous ne serons probablement jamais en mesure de saisir toute la complexité de relations écologiques.

Le champignon, qui vit en symbiose à l’intérieur des cellules des racines d'un arbre, possède dans sa propre structure cellulaire aussi bien des protéines de l'arbre que des bactéries « étrangères » qui peuvent elles-mêmes contenir des virus. Comme une « poupée russe », le concept d'individu devient de plus en plus flou avec ces relations symbiotiques imbriquées et enchevêtrées.

 

Nous, les humains, ne faisons pas exception

jetons un coup d'œil rapide à l'homme et ses partenaires microbiens

Nous avons en nous et sur nous plus de cellules de micro-organismes étrangers à notre corps que nous n'en possédons nous-mêmes. Sans eux, nous ne serions pas viables. Cela vaut même pour notre génome. Au moins 8 % de nos gènes provient à l'origine de virus et a été intégré dans notre génome il y a des millions d'années, loin de n'avoir que des fonctions de contrôle du système immunitaire.

Chaque être humain est en soi un biome, un écosystème.

Les biologistes deviennent par la force des choses des écologistes.

Sinon, ils ne pourraient plus avancer dans leurs recherches.

Certains re-posent aujourd'hui la grande question philosophique :

« Qui suis-je et pourquoi si nombreux ? »

La communication et la coopération sont essentielles à cet égard. Que l'on prenne l'exemple du microbiome de notre peau, de notre bouche, de notre intestin, des champignons qui colonisent les racines ou bien des bactéries qui s'installent sur chaque millimètre carré de la surface des feuilles de toute la végétation, ces « occupants » sont partout à l'œuvre pour le système immunitaire et la résilience de leurs hôtes. La majorité des microbes qui occupent toutes les surfaces (peau, feuille, branche...) sont neutres. Ils n'apportent ni bénéfice ni nuisance, mais par leurs simple présence, ils fonctionnent comme des garde-places et empêchent ainsi les microbes pathogènes de s'installer.

Nous voyons ici quelques points communs entre les processus de digestion dans le sol et dans nos intestins. Existe-t-il un lien beaucoup plus important entre ces deux systèmes que nous ne l'avons longtemps pensé ?

La flore intestinale humaine contient environ 500 micro-organismes différents. La plupart d'entre eux n'ont pas été étudiés. Les probiotiques vendus contiennent 4 à 5 souches de micro-organismes. Nous savons aujourd'hui à quel point il est fatal de réduire un écosystème à quelques espèces. Qu'il s'agisse de notre intestin ou nos champs agricoles !

 

Dans ce contexte, des questions se posent :

Comment notre flore intestinale est initialement formée et comment elle est maintenue et renouvelée ?

Quelle est, à cet égard, l'importance des aliments issus d'écosystèmes intacts et riches en espèces (microbiote) ?

 

Revenons à notre sujet, le sol vivant,

et voyons quels services écosystémiques il offre à la vie :

  • Puits de carbone, régulation du climat (3) 
  • Prévention de l'érosion des sols
  • Cycle de l'eau, ils forme des énormes réservoirs d'eau, prévention des inondations.
  • Fertilité, sécurité alimentaire,
  • Producteur de matières premières (bois et autres matières organiques comme les fibres ou les plantes médicinales).
  • Habitat de la biodiversité !

 

(1)       James J. Hoorman, extension de l'Université d'État de l'Ohio. - La rhizospère est la partie du sol proche des racines des plantes, très riche en micro-organismes et en substances biologiques.

(2)    à l'exception des organismes chimiotrophes : Les bactéries chimiotrophes sont des organismes unicellulaires (essentiellement procaryotes) qui utilisent l'énergie de l'oxydation de composés chimiques comme source initiale d'énergie chimique. On les distingue des bactéries phototrophes, lesquelles utilisent l'énergie lumineuse.

(3)       Il y a deux fois plus de carbone dans la pédosphère que dans l'ensemble de l'atmosphère et deux fois et demi de plus que dans la biosphère. Les sols constituent donc le plus grand réservoir de carbone terrestre.
(Institut Max Planck)

Date de dernière mise à jour : 13/01/2025