Quelques principes de la permaculture
Le cœur de la permaculture est constitué par ce que l'on appelle les « principes de conception de la permaculture ». Ces principes servent de guide pour la planification et la conception de systèmes - qu'il s'agisse d'un jardin, d'une ferme ou même d'une communauté entière. Ils sont basés sur l'observation et l'imitation des écosystèmes et englobent des concepts tels que la diversité, les cycles naturels, les symbioses et la pérennité, la vie sociale . . .
création de cycles fermés
Un des principe centraux de la permaculture est la création de cycles fermés. Dans l'agriculture, cela signifierait restaurer les cycles naturels, par exemple celui de l'azote ou du phosphore ! Au lieu de gaspiller les ressources, on les maintient grâce à les cycles continus. L'utilisation des déchets organiques comme engrais pour les plantes en est un bon exemple. Grâce au compostage, les déchets sont transformés en sol riche en nutriments et favorisent ainsi la croissance des plantes et la productivité. Ce cycle fermé réduit le besoin d'intrants externes, minimise les déchets et maintiennent le sol fertile et sain.
Création de diversité
Un autre principe important de la permaculture est la création de diversité. La nature se caractérise par une multitude de plantes et d'animaux qui interagissent entre eux dans des relations complexes. La permaculture utilise cette diversité pour créer des écosystèmes productifs et résilients. En combinant une diversité d'espèces et de plantes dans un jardin ou une ferme, on obtient une défense naturelle contre les parasites et les maladies. De plus, la fertilité du sol est améliorée par la culture de plantes fixant l'azote ou d'engrais verts, et par la restitution de plus grandes quantités de substances organiques à la terre et à ses habitants.
Utiliser les processus naturels
Un autre principe de la permaculture est de travailler avec la nature plutôt que contre elle. Au lieu de contrôler la nature, les processus naturels sont utilisés et encouragés. Par exemple, une teneur élevée en humus dans un sol, qui reste en outre toujours recouvert d'une bonne couche de matière organique, stocke beaucoup plus d'eau disponible pour les plantes que les sols appauvris et ouverts. L'humus peut stocker 3 à 5 fois son propre poids en eau. De plus, cela crée un pédoclimat favorable qui contribue à une plus grande fertilité générale. Ou encore l'eau de pluie peut être collectée et utilisée à des fins d'irrigation. L'utilisation des ressources naturelles permet de réduire la consommation d'eau et d'augmenter la résilience du système.
Composante sociale
La permaculture accorde une grande importance à la composante sociale. Les communautés et la coopération sont des éléments essentiels d'un mode de vie durable. La permaculture favorise l'échange de connaissances et de ressources entre les personnes et renforce ainsi la communauté locale. Les jardins communautaires et les projets collectifs sont des exemples de mise en œuvre de ce principe.
Nous constatons que ces principes se rejoignent souvent. Ils constituent des suggestions pour mieux comprendre le fonctionnement des écosystèmes et de la biosphère dans son ensemble. Par exemple, le principe « Intégrer plutôt que séparer » et le principe « Utiliser et valoriser les ressources et les services renouvelables » se retrouvent tous deux dans l’objectif de créer des circuits fermés : Ce qui est un déchet à une extrémité de notre lieu de vie peut être utilisé comme une ressource bénéfique à l'autre bout. Les déchets des uns sont les ressources des autres. Nous intégrons tous les éléments existants et créons un système complet et cohérent. Dans l'idéal, sans rien ajouter ni retrancher. Exemple : J'abats un arbre trop proche des autres pour obtenir du bois de chauffage. Je peux broyer les branches et les utiliser comme couverture sur les chemins entre les potagers.
Ainsi, un déchet qui était autrefois brûlé dans le jardin devient une matière première précieuse pour la production d'humus.
Le degré de complétude et de cohérence de notre système se mesure avec la quantité des éléments que nous devons encore apporter de l'extérieur (énergie, matériaux de construction ...) ou évacuer vers l'extérieur (déchets, eaux usées...).
Les douze principes de la Permaculture de David Holmgren
- Observer et interagir
- Collecter et stocker l’énergie
- Créer une production
- Appliquer l’auto-régulation et accepter des rétroactions
- Utiliser et valoriser les ressources et les services renouvelables
- Ne pas produire de déchets que nous ne pouvons pas recycler sur place
- Partir des structures d'ensemble pour arriver au détail
- Intégrer plutôt que séparer
- Utiliser des solutions à petite échelle et avec patience
- Utiliser et valoriser la diversité
- Utiliser les interfaces et valoriser les éléments en bordure
- Utiliser le chanchement et y réagir de manière créative
En permaculture, il existe un outil très efficace :
l'acronyme O B R E D I M
C'est un outil puissant qui nous guide tout au long du processus de conception
et de réalisation d'un project en permaculture quelle qu'en soit l'ampleur. Il signifie
Observation, Bordures (limites), Ressources, Évaluation, Design (conception), Implémentation (réalisation), et Maintenance.
Observation : cette première étape consiste à observer et à comprendre le contexte général en notant les besoins, les impondérables, les interactions de tous les éléments donnés, animés et inanimés, sur le site et avec celles de l'environnement. Cette étape doit être réalisée sans jugements. Les observations sont recueillies de manière impartiale et neutre afin de laisser ouvertes toutes les possibilités qui n'ont pas encore été imaginables.
Bordures : cette étape consiste à identifier les bordures ou les limites physiques et sociales du système visé. Il permet de comprendre les interactions entre les différents éléments. Les bordures peuvent être des limites et des opportunités ! Les interfaces dans la nature abritent toujours une dynamique et une diversité plus grandes que les systèmes des deux côtés pris ensemble.
Ressources : il s’agit de lister toutes les ressources de toutes sortes qui sont disponibles pour le projet depuis l'extérieur et sur le site concerné. Cet état des lieux permet de comprendre les opportunités et les contraintes liées au projet.
Évaluation : cette étape consiste à évaluer les informations recueillies lors des étapes précédentes pour comprendre les besoins, les ressources et les interactions existants. Il permet de définir les objectifs pour le système.
Design : C'est à ce moment-là que nous conceptualisons à partir de toutes les données recueillies. A partir de ce stade, nous sommes en mesure de planifier toutes les étapes nécessaires à la réalisation du système.
Implémentation : Enfin, on se met au travail. Le design va maintenant être réalisé étape par étape !
Maintenance : Un système qui évolue de manière dynamique a besoin de beaucoup d'entretien, surtout au cours des premières années. Nous observons à nouveau sans préjugés et sommes prêts à apporter des corrections à tout moment. Nous évoluons avec le système.
La permaculture est l'avenir
La permaculture consiste à concilier les aspects écologiques, sociaux et économiques et à créer des solutions à long terme. La permaculture nous offre la possibilité de vivre en harmonie avec la nature tout en répondant à nos besoins sans épuiser les ressources de la Terre. La permaculture est une méthode de conception holistique qui, surtout à notre époque, est une réponse aux nombreux problèmes mondiaux. Elle nous permet de construire ensemble un avenir meilleur, plus durable et plus vivable.
Les outils puissants de la permaculture ont déjà permis de créer de nombreux îlots de biodiversité, petits et grands. Avec chaque nouveau jardin de permaculture sur une surface géographique donnée (région, pays, continent), la densité de ces lieux augmente, la distance entre un point (îlot de biodiversité) et les points proches diminue. A partir d'une certaine densité, un « réseau organique de biodiversité » se forme. A partir du moment où les influences anthropogènes perturbatrices (tout ce qui relève de la main de l’homme : pesticides, engrais artificiels, travail de la terre à l’aide de grosses machines, systèmes monoculturels, etc.) diminue fortement, ce réseau se refermera de progressivement lui-même sur l'ensemble du territoire. Ce phénomène fonctionnel, inspiré de l'intelligence artificielle, nous donne un argument supplémentaire en faveur de la valeur de toute initiative, quelle que soit sa taille : chaque îlot de permaculture permet d'ajouter un point au réseau (même un balcon très fleuri en ville), le rendant plus dense, et donc plus résilient et plus à même de s'étendre, participant à une renaissance de la biodiversité !
Mettons-nous donc au travail !
Sources et dépliant en français à télécharger :
Holmgren.com.au
https://permacultureprinciples.com/resources/free-downloads/