Depuis ses débuts dans les années 70, l'un des principaux objectifs de la permaculture a été de développer des idées et des pratiques qui aident à sortir des contraintes destructrices de l'agriculture "moderne". Il s'agissait de concevoir des lieux de vie de grande productivité, pour libérer ainsi des surfaces afin que les écosystèmes naturels puissent se reconstruire. En s'inspirant des écosystèmes complexes, le lieu de vie devient à son tour aussi un système riche, diversifié et complexe.
En ce qui concerne l'agriculture, les cultures doivent être plus diversifiées et le sol ne plus être délaissé sans couverture. Le travail excessif du sol est démasqué comme l'une des principales causes de la destruction progressive des sols dans le monde entier : ils en perdent leur humus, leur vie, leur structure, leur fertilité . . .
En revanche, une fois l'écosystème bien (re)lancée, la vie du sol riche et active prend en charge la fertilisation et le travail du sol gratuitement et sans apport d'énergie et d'intrants depuis l'extérieur du système !
Pour pérenniser les cycles nécessaires au maintien et à l'alimentation de la vie du sol, le sol doit toujours être couvert et recouvert de diverses matières organiques. Bien sûr, il est préférable que ces matières organiques soient produites sur place. La paille, c'est bien, mais dans le système productif et diversifié que nous souhaitons, il doit y avoir, comme dans la nature, beaucoup plus de plantes différentes, pérennes et ligneuses à proximité immédiate. Certaines d'entre elles sont choisies et placées dans le système entre autres comme éléments fertilisants et structurants.
Ces plantes ligneuses et souvent fixatrices d’azote sont plantées pour être régulièrement taillées. Les résidus de taille sont ensuite étalés sur le sol ("chop and drop" - que l'on peut traduire par "coupe et laisse tomber"). Ils nourrissent les organismes du sol qui, par leur activité, génèrent de l'humus et l'incorporent dans le sol. Cette technique de séquestration du carbone dans les sols permet une augmentation constante du taux en humus, de la capacité de rétention d'eau des sols, de protection contre l'érosion . . .
Ces faits nous orientent vers le jardin-forêt ou - parce que nous devrions élargir le design pour nourrir tout le monde - vers l'agroforesterie.
Avec les plantes pérennes et surtout les arbres et arbustes, nous pouvons atteindre l'objectif de restituer rapidement au sol l'humus perdu depuis des décennies. En moyenne, on peut gagner 0,1 à 0,3 % par an. Beaucoup plus dans les jardin-forêts productives ou bien en agroforesterie. Il ne faut pas oublier la masse racinaire qui ameublit, aère et fertilise le sol.
Cela représente d'énormes quantités de carbone séquestré qui sont prélevées dans l'atmosphère.
Voir aussi l'initiative 4p1000. bilans_et_perspectives
Une agriculture plus saine et naturelle aurait également pour conséquence d'éviter une grande quantité de CO2, de méthane et de protoxyde d'azote émis à cause de mauvaises pratiques agricoles et lors de la production industrièlle et de l'utilisation d'engrais de synthèse. Vois aussi : www.amisdelaterre.org
Restaurer les sols contribue de manière déterminante à maîtriser la problématique du climat, ainsi qu'à restaurer les réservoirs d'eau énormes que constituaient les sols autrefois - beaucoup plus efficaces que les méga-bassins. La reconstitution des nappes phréatiques se fait par le même biais. Nombre d'inondations catastrophiques pourraient être évitées par l'eau s'infiltrant dans le sol et y restant, permettant ainsi de réduire la quantité d'eau qui ruisselle à la surface du sol vers les cours d'eau lors d'évènements météorologiques extrêmes tels que des fortes pluies.
Un aspect parmi tant d'autres qui nous donne aussi à réfléchir : les ressources en matières premières et en énergie fossile ou même nucléaire seront tôt ou tard épuisées. Par contre, la quantité possible de biomasse produite par la photosynthèse est potentiellement illimitée.
Alors, sur quelles stratégies allons-nous construire l’avenir de notre jeunesse et celle des générations futures ? La permaculture n'est peut-être pas la seule solution pour tous nos problèmes économiques et sociaux. Mais du point de vue de la VIE sur notre terre, il serait irresponsable de ne pas exploiter pleinement cette voie !