Création d'un jardin-forêt

Pour créer un jardin-forêt, le mieux est de s'inspirer des écosystèmes complexes qui nous entourent. Si nous n'en trouvons pas à proximité, nous cherchons dans un périmètre plus large et essayons ainsi de reconstruire ce qui s'est passé et à quoi cela ressemblerait si toute influence humaine avait cessé pendant longtemps. Ce n'est pas toujours facile. Mais le climat local, la nature du sol et la flore indigène restante fournissent la plupart du temps suffisamment d'indications.

Dans notre zone climatique d'Europe centrale, avec des précipitations moyennes dépassant largement les 500 mm/an, le développement non perturbé des systèmes naturels aboutit toujours à une forêt plus ou moins dense. -> Climax

Le projet d’un jardin-forêt est inspiré par des stades naturels de développement des écosystèmes qui nous entourent ! L'intensité de ces forces collaborantes dépend de la diversité et de l'intégrité de la nature environnante.

Prenons un exemple : Il est évident qu'il sera difficile d'installer un jardin-forêt qui fonctionne bien au milieu de champs de maïs. Dans ce cas, il serait préférable de disposer d'un terrain aussi grand que possible et de l'entourer d'une haie de forêt mixte aussi large que possible afin de nous protéger. Quelques années s'écouleront avant que la haie de protection ne soit suffisamment grande mais notre jardin sera toujours isolé d'autres écosystèmes qui fonctionnent. Le « biotope » qui nous entoure est extrêmement appauvri et constitue plutôt un foyer de nuisances et de problèmes qu'autre choses. C'est pourquoi il sera très utile d'ajouter quelques poignées de terreau forestier riche et frais sous le paillis de notre haie mixte fraîchement plantée afin d'activer plus rapidement la vie du sol. (1)

Pour la création d'un écosystème complexe tel qu'un jardin-forêt, nous  appliquons les outils de base de design en permaculture. Toute conception d'un nouveau projet en permaculture commence nécessairement par une observation minutieuse des données et des conditions du terrain et de l'environnement.

  • La topographie et l'exposition sur et autour du terrain jouent un rôle important : quelle est l'incidence de la lumière au cours de la journée et de l'année ? Quels sont les vents dominants, les éventuels microclimats déjà existants, etc.
  • La végétation existante donne beaucoup d'informations sur le sol, le régime hydrique, la santé du terrain. Est ce qu’il y a des arbres présents sur le terrain et dans les environs?
  • Profondeur et qualité du sol à différents endroits (crêtes, dépressions, pentes, etc.).
  • Y a-t-il des cours d'eau, comment se comportent les eaux de surface en cas de fortes pluies? On peut repérer les éventuelles poches d'eau stagnante dans le sol, reconnaissables à la végétation existante.
  • Comment se présentent les bordures, y a-t-il des clôtures, des signes visibles de chemins empruntés par des animaux sauvages qui traversent le terrain ? Quelle est l'accessibilité depuis l'extérieur et les voies de communication existantes ou utiles à installer à l'intérieur du site?
  • Existe-t-il des corridors écologiques qui relient le site à d'autres systèmes complexes plus ou moins loins?
  • Quelle partie se prête à être considérée comme une zone extensive ou entièrement laissée à elle-même ?

 

Cette liste n'est pas exhaustive. Il y a encore beaucoup d'observations à faire, qui peuvent fournir de précieux renseignements. La présence, la composition et la diversité des populations de champignons et d'insectes, par exemple.

Le mieux est de prendre le temps de faire ces observations. De préférence une année. Les personnes âgées vivant à la proximité peuvent souvent donner des informations très précieuses qui complètent nos observations et les mettent en relation avec une fenêtre temporelle bien plus large.

Nous avons peut-être déjà une certaine idée de ce que sera notre jardin-forêt, concernant nos préférences pour certaines plantes par exemple. Mais d’abord, il est toujours fort préférable d'intégrer des arbres existants dans notre conception. Ne serait-ce que pour préserver les champignons qui fonctionnent en symbiose avec ces arbres, ce qui donnerait une longueur d'avance à notre projet ! En fait, il y a d'autres raisons tout aussi importantes de laisser les « anciens » sur place.

Les arbres qui poussent spontanément peuvent être utilisés comme plantes nourricières, structurantes et génératrices de biomasse jusqu'à ce que les arbres et les arbustes plantés aient atteint une taille suffisante pour remplir ces fonctions. Aussi, les plantes qui poussent spontanément nous indiquent toujours la nature des sols et ses états et ce qui pousse le mieux au moment donné sur ce lieu. En outre, ces plantes jouent généralement un rôle important dans le processus de succession comme mentionné plus haut, en direction du climax de notre écosystème. Nous ne pouvons que gagner à travailler avec elles. S'y opposer ne fait que créer davantage de problèmes et ralentir le processus. Il vaut mieux que la nature qui nous entoure ait le dernier mot dans notre conception.

Un tel projet se révèle ainsi être un processus d'apprentissage pour la perception de la complexité de la vie. Dans ce sens, la parole est donnée à Victor Hugo :

« C’est une triste chose de songer que la nature parle et le genre humain n’écoute pas »

 

(1)    Pour plus d'informations sur le sujet, veuillez consulter :

               "  3.2.  Par l’inoculation d’un microbiote fonctionnel  "      sur le site   ►    Planet Vie 

Date de dernière mise à jour : 15/11/2024